
Le 3 décembre 2012, chaque commune de Wallonie installait son nouveau Conseil communal. Et Andenne ne dérogeait pas à la règle. La séance d’installation débute par la prestation de serment de chaque nouveau conseiller qui « jure fidélité au roi, obéissance à la Constitution et aux lois du peuple belge ». Ce moment très protocolaire passé, vient ensuite le temps des discours des différents chefs de groupe. L’occasion de planter le décor pour la mandature qui commence.
Pour le cdH-ic, c’est Philippe Mattart, nouveau chef de groupe humaniste au Conseil qui s’est exprimé. Revivez le Conseil en parcourant son allocution.
« Monsieur le président,
monsieur le bourgmestre,
mesdames les échevines, messieurs les échevins,
chers collègues,Le 14 octobre est déjà loin derrière nous. Et cette date ne m’inspire aujourd’hui plus qu’une seule conclusion, à savoir que les électeurs andennais ont écrit, comme il se doit, la partition qui donnera le ton des six prochaines années, ici même dans cette salle. L’exercice de la démocratie ne tolère ni regrets ni amertume. Et le résultat des urnes n’est rien d’autre que le cahier des charges sur base duquel les élus doivent travailler, peu importe qu’ils soient dans la majorité ou dans l’opposition.
Cette table rase sur les élections doit évidemment se faire avec respect et reconnaissance. Notre devoir d’aller immédiatement de l’avant ne nous dispense pas, en effet, de nous adresser aux élues et aux élus qui de 2006 qui, pour différentes raisons, ne sont plus parmi nous aujourd’hui. Tous, quels que soient leur groupe politique, – socialiste, MR, Ecolo – méritent d’être salués et remerciés pour leur travail. Parce que la politique – la vraie politique, pas les pugilats et les manœuvres florentines – est un don de soi.
À titre très personnel, vous comprendrez que je pense d’abord à un homme qui compte beaucoup pour moi, Jacques Mazy, parce qu’il m’a mis le pied à l’étrier de la politique communale. C’est un homme intelligent, travailleur, loyal et sage à qui Andenne doit énormément. Et c’est de toute évidence la personne la plus influente sur moi, au niveau de la politique andennaise.
Avec mes trois collègues, Étienne, Françoise et Christian, je pense aussi à Mireille Tonglet, à Marie-Claire Lallemend et à Carine Germain. Mireille a choisi de quitter la vie politique pour des raisons personnelles et légitimes. Marie-Claire et Carine doivent, quant à elles, leur absence à la cruauté de l’arithmétique électorale. Elles nous manquent, toutes les trois, nous sommes tristes de ne pas les avoir à nos côtés ce soir, parce qu’elles sont des femmes de cœur, des femmes d’esprit et qu’elles ont cette précieuse et trop rare vertu en commun qu’est le sens de l’intérêt général.
Le « nous » que j’utilise maintenant n’est pas majestatif. Ce « nous » :
- C’est d’abord Étienne Sermon, conseiller chevronné, chef de groupe de 2006 à 2012, un homme de dossiers, avec qui j’ai partagé un beau travail de critique constructive à l’égard du Collège ces trois dernières années.
Et bien, monsieur le bourgmestre, avec Étienne, nous recommençons…
- Nous recommençons cette fois avec Françoise Philippart, une femme passionnée, hyperactive, une femme de tête et qui fourmille déjà d’idées qui vont rapidement émailler les ordres du jour du Conseil.
- Nous recommençons aussi avec Christian Mattart, un jeune mandataire bien présent dans l’équipe CDH-IC depuis 2006 et qui, comme secrétaire sortant de notre section locale, connaît parfaitement les dossiers communaux.
Bref, nous sommes déjà à pied d’œuvre. Et nous ne demandons qu’à travailler. Parce qu’en effet, Andenne ne s’est pas métamorphosée comme par miracle au passage du dimanche 14 octobre. Toute la bonne volonté – qu’elle qu’en soit la pertinence – contenue dans les différents programmes électoraux ne s’est pas instantanément matérialisée. Une fois rangés les panneaux électoraux, une fois les tensions préélectorales digérées – ou presque -, Andenne se retrouve face à ses vraies échéances et ses vrais défis :
- un taux de chômage anormalement élevé par rapport à la moyenne de l’arrondissement de Namur,
- un niveau de vie inférieur à la même moyenne, et de loin,
- un niveau d’endettement qui insécurise la capacité de la commune à faire des choix,
- un aménagement du territoire et une politique foncière très mal maîtrisés,
- une politique sociale étrangement éloignée de ce que l’on attend dans une commune socialiste,
- et j’en passe…
Andenne a pourtant tellement d’atouts qu’elle devrait, nous en sommes persuadés, pouvoir offrir aujourd’hui une meilleure qualité de vie à ses habitants. Comment comprendre que notre commune, riche d’un patrimoine exceptionnel, située en bordure de Meuse, à quelques encablures de l’axe Nationale 4 et d’un important nœud autoroutier ne se soit pas redéployée plus rapidement ?
Je vous le concède, avec l’aide du CDH, comme très souvent, vous avez mené à bien certains dossiers importants, notamment la mise en œuvre de zones d’activités économiques, la sauvegarde du site de Mâle-Plume, mais aussi la concrétisation du plan communal d’aménagement du centre-ville. Nous l’avons approuvé, nous l’attendons et nous ne vous lâcherons pas d’une semelle tant que nous ne serons pas certains que toutes les opérations liées à ce projet tiennent bien compte des intérêts des riverains, qu’elles ne briseront pas la dynamique commerciale et sociale du centre-ville et qu’elles n’entraîneront pas de surprises budgétaires en cours d’exécution du projet.
En vous aidant dans ces différents dossiers, depuis plusieurs années, nous avons tout simplement refusé que la politique d’aménagement du territoire puisse se contenter d’expressions velléitaires, comme par exemple l’évocation d’un accord avec les carriers pour redessiner Andenne. De telles déclarations n’aident évidemment pas le citoyen à voir clair sur l’avenir de son cadre de vie.
Monsieur le bourgmestre, messieurs les échevins, mesdames les échevines, le programme que nous avons défendu au cours de cette campagne nous accompagnera tout au long des six prochaines années. Vous le retrouverez dans nos points complémentaires, dans nos interpellations, dans les débats que nous aurons probablement. Inlassablement, nous allons vous reparler d’un document d’orientation concerté pour l’aménagement du territoire, des mesures d’accompagnement et de formation des demandeurs d’emploi, d’un déploiement plus équitable de l’aide sociale, d’un monitoring budgétaire destiné à éviter une dangereuse dérive de la dette communale, ou encore d’une politique de valorisation de nos villages.
Mais jamais, nous ne serons vos porteurs d’eau. Les grimaces de la séduction politique se détectent, même sous les masques les plus impassibles. N’est pas Talleyrand qui veut. Il ne suffira pas de nous flatter, de nous manipuler, de minauder dans les coulisses de l’Hôtel de ville pour nous séduire, pour accéder à notre collaboration, voire à nos relais. Il faudra nous convaincre de la qualité de votre travail et de votre sincérité et ce ne sera pas simple.
Mais si vous parvenez à nous convaincre, nous serons constructifs, nous soutiendrons vos choix chaque fois que nous les partagerons et cela, nous nous y engageons. Vous ne trouverez chez nous aucune malveillance, aucune dérive bassement politique dans notre chef. C’est grâce à des citoyens que nous sommes ici et nous leur devons de nous concentrer sur leurs intérêts.
Cela évidemment, se conçoit dans un monde idéal, un monde de convergence d’idées, un monde de respect, sans insulte. Vous qui êtes un grand lecteur des Mémoires d’Hadrien, vous retrouverez, dans son contexte, cette petite phrase dans le chapitre Tellus Stabilita : « les êtres humains avouent leurs pires faiblesses quand ils s’étonnent qu’un maître du monde ne soit pas sottement indolent, présomptueux, ou cruel ». En clair, les citoyens se trompent lorsqu’ils acceptent que les premiers magistrats de leur commune soient omnipotents et au-dessus de tout, y compris des lois. Non, un bourgmestre, un échevin, c’est quelqu’un qui a de lourdes et complexes responsabilités. Pour le dire autrement, nous nous attendons à ce que l’opposition soit respectée, à ce que vous sachiez faire preuve de modestie face à vos certitudes, à ce que la seule vérité ne soit pas celle du Collège et à ce que le droit à la parole ne soit jamais bafoué. Nous ne vous cachons pas ici que nous mettons beaucoup d’espoirs en vous, monsieur le président.
Voilà ce que nous souhaitions vous dire. Il nous paraît normal, pour conclure de féliciter l’ensemble des élus des autres groupes, de les assurer de notre estime, parce que la politique n’est qu’une facette très partielle des relations humaines. Et puis, nous voulons aussi vous souhaiter bonne chance monsieur le bourgmestre, mesdames les échevines, messieurs les échevins. Nos vœux de réussite vous accompagnent. Et notre vigilance aussi.
Je vous remercie. »