Andenne : un budget 2018 en trompe-l’œil


Et « une insolente santé financière »[1] qui prête à sourire…

Le groupe CDH-IC souhaite d’abord saluer la qualité technique et la présentation des documents du budget 2018. Ce préalable s’adresse à la Directrice financière et à son équipe, dont il tient aussi à saluer la disponibilité à l’égard des Conseillers communaux.

Néanmoins, indépendamment des compétences et de la rigueur des services techniques, ce débat budgétaire sera à nouveau long, tout simplement parce que, malgré nos demandes répétées depuis de nombreuses années, le collège ferme la porte à l’installation d’une commission des finances et de la prospective. C’est une demande que nous réitérons et que nous continuerons à exprimer.

  • Premièrement, cette commission pourrait être un espace de travail et de partage des choix budgétaires du collège. A charge pour les Conseillers de l’opposition d’y faire des propositions et pour le collège de les accepter ou les refuser. Ce mode de travail légitimerait des débats plus courts au Conseil communal.
  • Deuxièmement, cette commission pourrait travailler constructivement sur la planification des réponses budgétaires à donner à des évolutions, notamment démographiques. Le trend de la population des aînés (42% en 20 ans) impliquera immanquablement une responsabilité budgétaire dans le chef des Communes.

Comme pour le reste, on appelle cela de la prévisibilité et cette dimension fait cruellement défaut à Andenne.

Alors circulez, il n’y a rien à voir. C’est l’arithmétique qui domine. Le résultat à l’exercice propre est en négatif de 180.000 euros. Mais les provisions sauvent la mise à hauteur de 200.000 euros et les exercices antérieurs donnent lieu à un résultat cumulé de 4.770.000 euros. C’est donc gagné, du moins en apparence.

Parce que, en réalité, ce budget 2018 est ni plus ni moins un « trompe-l’œil ».

Source : RTBF.be

« Trompe-l’œil » d’abord parce que c’est l’arithmétique « brut » qui domine

Au CDH-IC, nous souhaiterions que domine le sens à donner aux chiffres. Le collège se réjouit de ne pas recourir à l’artifice comptable des recettes fictives offert par le gouvernement wallon mais n’atteint l’équilibre à l’exercice propre qu’en recourant aux réserves. Nous ne critiquons pas cette option en soi mais elle rend illisible la réalité de l’équilibre budgétaire.

« Trompe l’œil » parce que ce budget n’est pas celui des citoyens andennais.

Il ne fait que servir de satisfecit et de carte de visite au collège. Pour le reste, la pression fiscale ne faiblit pas. Et son utilité est incompréhensible pour les citoyens. Il y a même une contradiction entre les indicateurs sur lesquels nous reviendrons et le niveau de la fiscalité. Commençons par la trésorerie dont dispose la commune avec son bonni global de 4.770.000 € auquel il faut ajouter des provisions et réserves à hauteur de 4.275.000 €… soit une trésorerie totale de 9.045.000 €.

Année 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 Evolution
 
Taux 8,0% 8,0% 8,4% 8,4% 8,4% 8,6% 8,6% +0,6%
Impôts personnes physiques 5.815.853,08 6.014.498,09 6.500.766,01 7.195.477,18 7.118.927,25 7.151.684,66 7.438.408,92 1.622.555,84
 
Taux 2600 2600 2700 2700 2700 2700 2700 +100
Précompte immobilier 5.470.544,47 5.177.405,22 5.389.020,33 5.658.177,03 5.649.136,11 5.910.383,43 6.401.079,87 930.534,40

Depuis le début de la législature, les Andennais (11.000 ménages) payent annuellement 2.553.091,24 € d’impôts supplémentaires, et ce, uniquement pour les « Impôts aux personnes physiques » (IPP) et le « Précompte immobilier »(PI)[2] (voir tableau ci-dessus). Cette augmentation, tant en chiffres bruts qu’en progressions de taux est littéralement inacceptable et ne permet en aucun cas au collège de se réjouir de l’équilibre et du « confort » budgétaire.

Si l’on ajoute à cela les autres taxes et redevances communales : nous passons là de 3.286.674,71 € (2012) à 4.039.797,23 € (2018) en une législature ! Soit, ici aussi, une augmentation de 753.122,52 €.

Si nous additionnons l’ensemble de ces augmentations durant la législature, nous arrivons à 3.306.213,76 € de progression fiscale totale annuelle  pour le contribuable andennais. Soit 300€ par ménage… Ce qui représente 10% du budget rien qu’en augmentation !!!

Une telle « rage taxatoire » étouffe les Andennais qui sont dés lors privés de l’actuelle relance économique, par la majorité PS-MR d’Andenne.

Comme il le demande depuis 2013 (et donc sans préoccupation électoraliste comme le prétendra probablement la majorité), le CDH-IC réclame une « mise à plat » de l’ensemble des taxes.

« Trompe-l’œil » parce que ce budget 2018 est celui de la non responsabilité

La ritournelle de la faute aux autres

Passons sur le refrain habituel des zones de secours à propos desquelles le débat financier sur certaines exigences et sur la répartition des charges masque un manque de vision sur les véritables enjeux de ces zones. Passons aussi sur les transferts de charges qui, indépendamment de leur réalité, sont trop souvent dénoncés dans une logique de « bouc émissaire ».

Quelle planification RH ?

Nous souhaitons plutôt souligner ici que 84% des effectifs communaux sont subventionnés par les effectifs de la politique de l’emploi. Lors d’un récent Conseil communal, le collège s’est contenté de lancer une procédure de désignation d’un directeur général-adjoint. Une procédure dont nous savons qu’elle n’est absolument pas ouverte, contrairement à l’exigence du principe d’égalité face à l’emploi public. Une procédure dont nous savons aussi qu’elle consiste à « atteler la charrue avant les bœufs » dès lors que la planification RH repose sur une bulle APE et un middle management, voire un certain nombre de N+1 qui occupent des postes contractuels APE qui devraient relever de l’emploi statutaire. Aucune matrice des risques n’existe malheureusement à Andenne pour anticiper les évolutions à venir de ce système.

« Trompe-l’œil » parce que la majorité pratique le culte de l’image

Certes, les montants sont parfois minimes. Mais les effets d’annonce font partie de la communication politique à Andenne. « Insolente santé financière », accord avec les carriers, visions stratégiques parfois intéressantes mais planifiées sans rigueur et, aujourd’hui, une participation de la commune (12.500 euros) à la foire de Libramont motivée par le projet « agriculture en milieu urbain ». Cette participation serait intéressante pour présenter un projet existant mais, à ce stade, il serait plus pertinent d’acheter quelques billets d’entrées pour rencontrer les acteurs publics intéressés.

« Trompe-l’œil » parce que la majorité manque de transparence

Étrangement, dans la note de synthèse du budget de la Ville, transmise sept jours avant le Conseil communal, on lit que « des moyens supplémentaires ont été sollicités par la Régie sportive ». Toutefois le Conseil d’administration, l’instance chargée de voter le budget de la Régie, s’est réuni pour la dernière fois en août 2017. Et ne prend connaissance du budget 2018 de la Régie que deux heures avant le Conseil communal !

Une fois encore, le groupe CDH-IC condamne l’attitude désinvolte de la majorité face aux statuts de la Régie et aux principes démocratiques. »

« Trompe l’œil » parce que la majorité embellit le court terme et se paye sur l’avenir

La rengaine du Bourgmestre sur la comparaison de la dette communale et la dette des ménages ne tient pas la route. La dette s’élève à 20% des dépenses à Andenne. Le double de la moyenne wallonne. L’encours de la dette est, quant à lui, de 52 millions. Quelle que soit la durée de remboursement, c’est une hypothèque sur l’avenir. Parce que la vérité est implacable, la majeure partie des investissements sont financés par voie d’emprunts (83% des quelque 6 millions du budget extraordinaire)

Le budget extraordinaire semble néanmoins contenir plusieurs éléments positifs (abris-bus, voiries, salle de Namêche,…). Mais il contient aussi des éléments plus sujets à caution (vente de terrains rue Basses des Canes, quid du développement urbain, libéralisation capital INASEP,…).

Au bout du compte, les dépenses annuelles de la dette passeront de 6.372.010,92 (2017) à 6.451.708,04 € (2018) : une charge encore et toujours en progression.

Concrètement et dans l’immédiat, le groupe CDH-IC propose :

  • Une diminution de la fiscalité communale (IPP à 8,4 et PI à 2600) ;
  • La création d’un budget participatif (25.000 €) qui serait mis en œuvre avec les citoyens andennais (et coordonné par une instance non-communale pour éviter toute immixtion partisane) ;
  • La création de l’indispensable Commission communale des Finances et de la Prospective.

[1] Le PI est normalement limité à 2.600 par la circulaire budgétaire de la Wallonie.
[2] En référence aux propos du bourgmestre relatés dans L’Avenir du 9 décembre 2017 : Une « insolente » santé financière.

De gauche à droite : Christian Mattart, Françoise Philippart, Philippe Mattart et Étienne Sermon