Andenne : les dessous du budget 2017


Dire que le budget 2017 est déliquescent manquerait singulièrement de crédibilité. Les chiffres parlent d’eux-mêmes, tant à l’exercice propre qu’au niveau des exercices antérieurs : un résultat consolidé de 4,770 millions qui s’offre même le luxe de s’affaiblir à hauteur d’un million au profit du budget extraordinaire, c’est-à-dire celui des investissements. Auquel il convient d’ajouter les fonds de réserve à hauteur 4,275 millions. Tout va donc bien, en tous cas en apparence. Nous disons en apparence, parce que la vérité des chiffres est de nature à voiler l’impact des choix budgétaires sur le quotidien des Andennais. Et à cet égard, d’autres vérités que celles des chiffres ne résistent pas à une lecture attentive des documents budgétaires.

Un budget de contradictions

Soyons de bon compte, encore une fois, même l’exercice propre passe une nouvelle fois la rampe et engendre un résultat positif de 136 000 euros. « Facialement », on ne peut qu’applaudir. L’équilibre est atteint, aidé il est vrai par des recettes en augmentation, notamment la dotation principale du fonds des communes qui augmente de 250 000 euros.

Alors pourquoi avoir augmenté à nouveau l’IPP (Impôts sur les personnes physiques, donc sur nos salaires) : 8% en début de législature, puis 8,4% et aujourd’hui 8,6%. Le Tax Shift a bon dos. Et qu’importe sa pertinence sociale et économique, il ne revient pas aux citoyens d’en faire les frais ou même de ne pas en bénéficier. Nous n’acceptons donc pas l’argument de la neutralisation. Notre objectif n’est pas de relancer le débat sur les taux votés en octobre mais de les mettre en regard du budget.

Pourquoi tant de pression fiscale à Andenne ? Un IPP qui ne cesse d’augmenter, un précompte immobilier à 2700 centimes (au-delà du plafond recommandé par la Wallonie à 2600), de nombreuses autres taxes et redevances en forte progression depuis le début de la législature,… Les Andennais sont-ils considérés comme des « vaches à lait » par le PS et le MR ?

Pourquoi tant taxer ? Que nous prépare donc la majorité ?

Un budget sans prévisibilité

Il y a, à Andenne, des chiffres qui sont systématiquement banalisés, voire glorifiés :

Le ratio d’endettement est en moyenne de l’ordre de 9 à 10%, en Wallonie. Il flirte avec les 19% à Andenne ;

Quant à l’encours de la dette, il passe de 47,1 millions à 53 millions (dont 725 000 euros à charge de la Région), suite au programme d’investissements. Le collège nous dira, comme d’habitude, qu’un taux d’endettement de 20% est acceptable pour un ménage. Et il oubliera, comme d’habitude, qu’un ménage ne consacre pas un tiers de ses recettes à payer du personnel ;

Il nous dira aussi que la dynamique de remboursement de la dette induit mécaniquement une stabilisation et ensuite une diminution de l’encours de la dette « au cours des prochaines années. Il oubliera également que, ces dernières années, l’adage « ceteris paribus » (toute autre chose étant égale par ailleurs) a souvent eu tout son sens. Tout simplement parce que les investissements à Andenne ne sont pas planifiés et que la dynamique vertueuse vendue par le collège pourrait être invalidée par de nouveaux investissements.

Conséquence possible à ne pas négliger : une évolution négative des recettes qui pourrait impacter la capacité de remboursement de la dette, avec à la clé une pression fiscale à hauteur (ou au-delà) des plafonds régionaux. La gestion budgétaire à Andenne manque gravement de prudence.

Venons-en au personnel. Les recettes augmentent de 4,8% et les dépenses de 3,5%. A priori, le matching est correct. Mais, au-delà des mouvements de personnel présentés dans les tableaux, on constate que le nombre de statutaires représente – depuis 2016 – moins de 10% des effectifs et qu’il n’y a pas de logique d’encadrement dans cette proportion qui se compose aussi bien d’agents d’exécution que d’agents d’encadrement. Nous en tirons deux conclusions.

La gestion des ressources humaines repose sur un recours à l’emploi subventionné à hauteur de 85%. Ce choix est conforme à l’arithmétique budgétaire mais il ne contribue pas à stabiliser l’encadrement, ce qui implique un risque managérial majeur.

La gestion prévisionnelle des ressources humaines est absente des documents budgétaires. Nous ne disons pas qu’elle n’existe pas, mais elle n’apparaît pas et cette absence fait partie des manquements qui ne nous permettent pas d’approuver ce budget.

De gauche à droite : Christian Mattart, Françoise Philippart, Philippe Mattart et Étienne Sermon