Église de Landenne : en abandonnant le patrimoine et l’âme d’un village à leur sort, c’est le lien social que l’on met en péril

Le mot patrimoine s’assortit autant de l’adjectif collectif que de l’adjectif individuel. C’est évidemment à propos de la première acception que mon collègue Philippe Mattart et moi-même souhaitons vous entendre au travers de deux interpellations complémentaires.
Vous n’aurez aucune peine à comprendre, je pense, que l’église de Landenne constitue un repère fondamental de mon village, et ce indépendamment de toute considération religieuse ou philosophique. Cet édifice classé, témoin de 250 ans d’histoire, de convivialité, de vie sociale et de lien social est clairement menacé, alors même que sa valeur patrimoniale est bien réelle.
Mon propos n’est pas de verser dans le sous-localisme. Ce n’est pas l’ambition que je réserve à la Wallonie. Si vous voulez bien me passer l’expression, je préfère revendiquer un certain esprit de clocher tout simplement parce que c’est à partir de la qualité de vie dans une localité que l’on assure le bien-être des habitants.
Je suis présente dans mon village au quotidien et je peux vous assurer que tous les habitants de Landenne, quelles que soient leurs convictions, ont de l’affection pour cette église qui signe notre paysage depuis des temps antérieurs aux pages les plus symboliques de nos livres d’histoire, notamment la révolution française. Je prends cette référence historique tout simplement parce que cette église est régulièrement qualifiée de Louis XVI.
- Quelles sont donc vos intentions quant à l’avenir de ce monument, sachant qu’une promesse de subside a déjà été signée par la Région, en lien avec un projet de réaffectation ?
- Le cas échéant, quelle option privilégiez-vous en termes de maintien ou non du caractère cultuel de l’église ?
- Êtes-vous prêts à travailler sincèrement à la sauvegarde de ce monument avec la Région et avec l’Institut du patrimoine wallon ? Avez-vous déjà travaillé, comme on pourrait s’y attendre, au projet de réaffectation culturelle qui pourrait par exemple se conjuguer à la fois avec la stratégie du centre culturel et avec le PCDR actuellement à l’étude dans notre commune. Où en est votre réflexion ? Ne pensez-vous pas qu’un tel projet serait de nature à rendre un rôle social au monument ? J’insiste, Monsieur le bourgmestre, sur le fait que la balle est dans votre camp.
Beaucoup d’habitants de Landenne, peu importe qu’ils soient croyants ou pas, refusent que cet édifice, qui a des racines historiques profondes, au cœur d’un ensemble classé avec la ferme-château ne tombe définitivement dans l’oubli. Si je puis me permettre une anecdote, la rue de l’église Saint-Remy s’appelait par le passé Rue du centre, ce qui est révélateur de son rôle social.
Son trop long abandon est de toute évidence à l’origine de la disparition des fonts baptismaux d’une valeur inestimable. Ma crainte, c’est que demain, les chapelles seigneuriales ou les dalles funéraires qui attestent de la genèse féodale du village, au Moyen-âge, ne tombent entre les mains de vandales sans scrupules.
Mon collègue Philippe Mattart va préciser mon propos sous l’angle du calendrier du dossier et des questions que nous nous posons par rapport à l’ancienneté de ce projet de restauration. Mais je vous demande instamment, au nom des habitants de Landenne de montrer votre détermination à sauver cette église.
Interpellation déposée par Françoise Philippart au Conseil communal du 17 novembre 2014